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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/195

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Le uoyage des Princes


uoient-ils de grands ſecrets, & en auoient encor appris auec la Dame de l’iſle des ſerpens. Caualiree auoit eu le ſecret de pouuoir muer l’apparence, & deſguiſer les lineamens du viſage, & les proportions du corps de teint, & ſemblance de ſexe & figure, & regard, & de voix : Par ce moyen il tranſmua Viuarambe, & luy fit rendre la ſimilitude d’vne vieille femme, & luy & ſon autre frere furent deſguiſez en marchands Mores, & en ceſt eſtat ils vont prendre logis en vne hoſtellerie pres le Chaſteau, & la vieille ſe loge aux faux-bourgs, où elle ſe dict eſtre Lycambe la medecine de l’iſle de raport, qui eſtoit venuë pour guerir l’Empereur, qu’elle auoit ouy dire eſtre malade. Celà fut incontinant ſçeu, & deſia chacun parloit de la grande Medecine qui eſtoit en pays, on le raporta à l’Empereur, qui voulant tenter tous moyens l’enuoye querir par la Fee Epinoyſe. Celà vint fort à propos, car c’eſtoit ce que Lycambe deſiroit. Eſtant deuant l’Empereur elle le ſalua, & l’Empereur la priant de s’approcher, & luy ayant fait careſſe, cōme il eſtoit fort courtois & gracieux, l’enquit de la cauſe de ſa venue, elle luy dit librement que ſa principale intention eſtoit pour le voir : ſurquoy l’Empereur ayant reparti & elle repliqué, print la main de ſa Maieſté, & le conſidera auec grande attention, puis luy dit, Sire, les choſes ſecrettes ſont celles qui ſont en l’eſprit, & qui ne doiuent eſtre declarees, parquoy ie vous prie que ces gens ci ſe reculēt vn pcu, & ie diſcourray de voſtre mal plus à mon gré, & diray de voſtre ſecret ce que i’en ay deſia cogneu, puis ayant deſcouuert voſtre