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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/203

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Le uoyage des Princes


auoit eſté rauie par l’induſtrie d’vn magicien : cela ne me touchant point ie ſuiuis autres erres, & n’ay ceſſé depuis ce temps-là de tournoyer en cherchant ma fille par infinies terres, & bien que i’aye eſté en pluſieurs endroits, ie n’ay rien recognu de ce que ie cherchois, qu’en ce pais dont i’ay eu telles indices, que ie ſuis venu ly chercher, & on m’a aſſeuré que faiſant requeſte à voſtre Majeſté, ie ne ſeray point fruſtré. Donques, Sire, ie vous ſupplie tres-humblement par voſtre iuſtice meſme, qu’il me ſoit permis de recognoiſtre mon bien, pour en apres l’obtenir par voftre cōmandement. l’emp. Il eſt equitable & ie veux que cela ſoit, parquoy prenez de ces officiers tāt qu’il faudra & recouurez ce qui eſt à vous, pourveu qu’en donniez ſi bonnes enſeignes, que vous ſoyez trouué veritable. Gvisdee. Sire, ie vous remercie tres-humblemenr, ſans que ie dōne tāt de peine à ces gens de bien, & ſans que i’inquiete dauantage voſtre Majeſté, puis que i’ay voſtre parole, & vous mō corps pour me punir ſi ie fay faute, ie vous dis qu’il y a la bas vn beau lieu, où eſt vne belle fontaine, dont eſt cōcierge vne qui ſe dit Fee, & voſtre parēte, c’eſt elle, Sire, c’eſt elle meſme celle que ie cherche, & ſ’il vous plaiſt qu’elle ſoit appellee, ſans qu’elle ſache cet affaire, ie prouueray deuant vos yeux, qu’elle eſt ceſte mienne tant & ſi longtemps cherchee. L’Empereur oyāt cela ſe mit en colere : car il n’y a riē tant aiſé à mettre en fureur & ire qu’vn cœur melancolique, & paſſiōné : parquoy tout à l’inſtāt il enuoya querir la Fee qui ſoudain arriua. Alors le marchād la prit par la main & lui dit, ha ma che-