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fortunez. Entreprise I.


re Haſebie, que tu m’as donné de trauaux, voilà, l’Empereur a iugé que vous reuiēdrez auec moy Qui eſtes vous, dit-elle, ie ne vous cognois point. Sire, dit le marchād, qu’elle ſoit viſitee à la cuiſſe gauche, & on y trouuera ceſte marque, ce diſant il preſenta vn chifre d’or qu’il portoit, attaché à vne cheſne d’or pendante à ſon eſcarcelle. La Fee vouloit debattre, le marchand inſiſtoit, l’Empereur commanda que cela fut, à ce que s’il y auoit faute, le marchand qui ſ’y ſubmettoit fut puni à l’inſtant. Les valets du marchand l’empoignerent & firent voir la marque, dont tout au meſme moment elle lui fut liuree, & ſoudain il la mit ſur vn chameau & l’enleua, ſus plaintes larmes & ſouſpirs, ne ſeruirent de rien, & ſes remonſtrances inutiles ne perſuaderent perſonne, & n’empeſcherent qu’elle ne fut tenue pour vne affronteuſe, ſ’eſtant ſuppoſee pour la Princeſſe de Pragenſe le marchand tira droit au port où vn vaiſſeau l’attendoit, il y mit donc la Fee ſous le nom de Haſebie, le vaiſſeau eſtoit à la Royne de Sobare, & il reuenoit de Nabadonce querir du bois de Guioſulum, qui ſert en medecine aux infirmitez, pour auſquelles ſuruenir les medecins enuoyent aux bains ou aux eaux : Le Capitaine du vaiſſeau auoit vn peu ſeiourné, pour faire plaiſir aux Fortunez qui ſe deſcouurirent à luy, & le prierent de bailler à la Royne ceſte demoiſelle qu’ils luy enuoyent, luy diſant qui elle eſtoit : mais qu’elle ne fit autre ſemblant que la tenir pour Haſebie, qu’elle en fit pourtant cas, & luy pleut la garder tāt qu’ils lui māderoyent le plaiſir qu’ils deſiroyēt qu’elle en eut. Le vaiſſeau