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fortunez. Entreprise I.


tilhōme euſt fait ſon meſſage, elle laiſſe tout & vint auec luy, n’ayant autre compagnie qu’vne ſienne niece qui la pria qu’elle la ſuiuiſt pour voir l’Empereur s’il y euſt eu plus de chemin elle euſt poſſible attelé ſon coche, & fait entrer auec elle ſes demoiſelles & filles de chambre. Eſtāt entree en la ſale, l’Empereur la receut courtoiſement & luy diſt : C’eſt vous qui deuez eſtre bien venue par tout, puis que vos vertus eſgallent l’apparence auec iugemēt, & eſt ce qui me faict vous prier de venir icy quelquefois me viſiter, afin que no° paſſions quelque agreable eſpace de temps aux beaux diſcours. Flidee. Sire, i’auray beaucoup d’heur, & receuray vn grand hōneur de pouuoir ſeruir voſtre maieſté, quand il vous plaira m’en eſtimer capable : C’eſt vous, Sire, qu’il faut loüer pour vos vertus, ſageſſe & iuſtice, qui font que libremēt on peut ſe trouuer où il vous plaira, mais i’ay vne crainte qui me retient, c’eſt que i’ay peur que voulant paroiſtre deuant vous pour vous obeir, vo° ne trouuiez pas en moy ce que pour me gratifier, vo° feignez y croire, toutefois puis que c’eſt beaucoup d’auoir taſché d’obeir à ſon prince, ie mettray peine de vous rēdre tout le ſeruice que ie dois à voſtre maieſté. L’Empereur ayāt la bague ſelon ſa diſpoſitiō, cōſideroit la figure qui eſtoit ſi cōſtāte, qu’il eſtoit auis à l’Empereur que la cōſtāce fuſt nee d’elle, il s’eſmerueilla, puis cōduiſant ſes diſcours iuſqu’à la fin, il entreteint aſſez longtēps la Dame, laquelle ſe retira fort cōtente de l’Empereur, lequel pourtāt veut ſçauoir ſi la verité ſe rapporte à ce qui a paru. Il eſt certain qu’ō ne ſcait riē des maisōs que par les domeſti-


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