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Le uoyage des Princes


ques, parquoy Noſpinee ayāt le cōmandemēt de l’Empereur, fit exacte recherche des actiōs de Flidee, & n’en peut deſcouurir autre choſe, ſinō que quād ſe venoit minuict to° les iours en tout tēps, elle ſe leuoit & entroit en sō cabinet, où elle ſe tenoit deux heures, puis retournoit : la ſage Noſpinee fit tout ce qu’elle peut apres ſes imaginatiōs, pour deſcouurir quelq choſe, mais ce fut en vain, car il ne lui apparut ſigne aucū d’autre circōſtance : ce qu’elle declara à l’Empereur, qui voulut en auoir le cœur eſclairci, ſi qu’il imagina en sō cœur tout ce qui luy fut poſſible d’artifice, pour deſcouurir ce qu’il en eſtoit. Flidee venoit aſſez ſouuent au Palais viſiter l’Empereur qui la careſſoit humainement & honneſtemēt : puis retournant chez ſoy, viuoit à ſa couſtume : L’Empereur eſtoit en peine, deſirant entendre la verité du coumportement de ceſte Dame, & comme il y trauailloit, le mary de Flidee arriua, & veint à l’Empereur, pour luy donner auis de quelques affaires, & auſſi pour faire ſon deuoir. L’Empereur laiſſe couler vn iour : puis le lendemain trouuant Tinnonce, ce maiſtre d’hoſtel, mary de Flidee, le prit à part & luy dit, qu’il vouloit qu’il luy fit vn ſignalé ſeruice, quant meſmes il yroit du ſien, & qu’il l’en recompenſeroit, luy diſant, Tinnonce vous ſcauez que nous ſommes hommes & non Dieux, & pourtant que nous auons de grandes paſſions, auſquelles ſi nous prouuoyōs, nous approchons de la Deité, i’en ay de terribles, ie deſire y prouuoir par le moyen de mes bons ſeruiteurs, que ie nomme mes amis, du nombre deſquels ie vous tien, vous ſcauez que ie