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fortunez. Entreprise I.


n’ay point l’ame feinte : parquoy vous deuez vous fier en moy, & m’obtemperer en ce que ie vous diray. Le gentilhomme bien nourri, reſpondit fort prudemment, & l’Empereur pourſuiuit & luy dit, Ne vous ombragez pour choſe que ie vous diſe, mais attendez la fin. Adonques l’Empereur luy conta la vertu de ſa figure, & le geſte qu’elle auoit fait pour Promuſtee, & ce qui en auoit eſté recognu, en apres luy deduit la contenāce qu’elle auoit mōſtree pour Flidee ſa femme dōt il deſiroit ſcauoir la verité, lui disāt ſi elle eſt impudique, ce vous ſera honneur ſi i’en fay iuſtice, ou que la faciez ſous mō authorité, en quelque ſorte qu’elle reuſſiſſe, mais ſi elle eſt telle que ie la croy, ce vo° ſera & à elle, vne gloire eternelle, & vne bride à la bouche des inſolentes ames. Tinnonce fut preſt à tout ce que l’Empereur vouloit, ne diſant pas ce qu’il penſoit, car touſ iours le ſoupçon chet plus vers le mal que la bōne penſee vers le biē. Tout accordé, l’Empereur māde à Flidee qu’elle le veint voir : ſitoſt qu’elle fut au palais Tinnonce alla en ſa maiſon, preparer ce que l’Empereur lui auoit cōmandé. Au bout du cabinet de Flidee, y auoit vne allee eſtroitte dans l’eſpoiſſeur de la muraille, par où on alloit à la chappelle, en vn petit endroit aſſez recelé, du quel on voyoit à bas ce qui ſ’y faiſoit, & de là par vne petite eſchelle qui ſe ioignoit cōtre la paroy on pouuoit deſcēdre à bas : ce gentilhōme ſeul viſita tout aſſez diligēment, & vid ceſte petite eſchelle entee dās le mur, & retenue par le moyen d’vn petit verrouil & vn petit cadenas, il remit en ſon ordre tout & ſ’en retourna, ne laiſſant aucune


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