Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
fortunez. Entreprise I.


qui les auoit faits, il reſpond que c’eſtoit luy meſme, & qu’il en feroit bien encor de plus beaux, & de vrayes fleurs ſi elle luy en vouloit apporter, ils eurent pluſieurs petits propos enſemble, tellement que depuis la iardiniere prenoit plaiſir de aller ſouuent le voir. Vn matin elle alla trouuer le marchant & luy dit qu’elle auoit quelque choſe de ſecret à luy dire, & il luy reſpondit qu’elle pouuoit librement & ſecrettement luy communiquer tout ce qu’elle voudroit. La iardiniere. Ie ſuis en vne grand’peine dont vous pouuez m’oſter, s’il vous plaiſt, & croyez que ie le recognoiſtray, il y a vne femme de la ville qui veut eſtre en ma place, & fait ce qu’elle peut pour y eſtre, & elle en a tant faict parler, que l’Empereur le veut bien, & l’a commandé à ſa fille, qui eſt la pauure Lofnis priſonniere en la tour : Et pource qu’il y a long temps que ie la ſers, elle ne deſire pas que ie ſorte, parquoy elle a tāt fait que l’Empereur a ordonné, que celle qui feroit mieux en bouquets d’elle ou de moy, ſeroit iardiniere pour tout le reſte de ſa vie. Le marchand. Aportez moy des fleurs & vn bouquet qu’aura fait voſtre aduerſaire, & ie feray quelque choſe pour vous. La iardin. Madame ſera iuge des bouquets ſans ſçauoir qui les aura faits, & il y aura vne Demoiſelle qui les prendra ſur vne table d’ardoiſe, & les luv portera. Le mar. Mais ne me ſçauriez-vous donner vn bouquet de l’autre La iardin. Si feray bien, car nous en faiſons deux, & ie luy en bailleray vn des miens, & elle me baillera vn des ſiens, & les deux autres ſeront pour eſtre iugés, & ie vous apporte-


N