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fortunez. Entreprise II.


eſmeu d’aimer l’Empereur, & à dire vrayiamais ie n’euſſe eu ceſte belle preſomption de hauſſer les yeux pour les addreſſer vers ce Soleil, & bien que ce ſoit vne bien heureuſe feinte, dont vous auez vſé pour me practiquer auec honneur, ſine veux-ie point croire qu’il en ſoit autrement que ce que le commun ſens des ames d’amour en pé ſeront, & bien que ie ſçache ce qui en eſt, ie veux penſer ce qui m’en plaiſt : c’eſt que l’Empereur · m’aimoit, m’aime & m’aimera, & me portant ainſi à mon propre contentement, tandis que ie viuray, i’auray pour cette cauſe en l’ame la belle grace que ſa maieſté m’a fait : ſe veux que ce me ſoit vne verité perpetuelle ſansy auoirautre eſ gard : Car puis que i’ay par l’effort de vos perſua ſions, ſi dignement obligé mon courage, que ie l’ay chargé d’vne ſi belle impreſſion, il n’y a plus de moyen que iel’efface, toutes les remonſtran ces, tous les diſcours qu’on m’en fera, paſſeront comme l’air auec le vent, ie ne lesveux point en tendre, & encor que l’on croye que l’Empereur ne penſe point en moy, que tout ce qui ſ’eſt paſ ſé ait eſté vn bel artifice, ie n’en prendray point de cognoiſſance, ie n’en veux penſer que ce qui nourriſt mon eſprit. Mon ame eſt trop braue ment releuee pour deſchoir. Quoy ? que ie per diſſe ce contentement que i’ay en mon cœur d’y auoir & par ſon commandement, le pourtraict de mon Prince ? Quelon die ce qu’on voudra, il penſe en moy, & n’oſeroit faire autrement s’il ne vouloit perdre la plus belle de ſes qualitez.Quoi donc que ie rabate ceſte gloire, pour amoindrir ma grandeur ? il n’y a pas d’aparence : Tout ce


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