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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/327

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Le uoyage des Princes


qui ſe peut/propoſer de plaiſir, d’amitié, de ſer uices, d’honneurs, & de magnificences ſont en ma penſee, &nul autre deſſein ne peut m’eſmou uoir, & grace aucune ne peut me toucher le cœur ; il n’y a que ce belamour, qu’amour meſme ny la mort, ne ſçafiroit effacer de mon ame : c’eſt ce qui m’ocupe le courage, c’eſt ce qui deſtourne de moy toutes autres penſees, & empeſche les nouuelles impreſſions qui me pourroient trou bler. Le grädbien de mon eſprit n’en ſeraiamais diſtraict, i’y ſuis determinee, ie viuray en la ſoli tude à laquelle ie me reſouls, où ie n’auray autre conſolation que de la compagnie de l’idee du beau ſoleil de ma penſee, ſans qu’autre deſir me diuertiſſe. Que me feroit l’amour, ſi apres qu’il m’a transformé le cœur au plus beau de tous les obiets, ie venois le changer à vn moindre ? Cela ne ſera point dit de moy, qui demeureray con ſtante en ceſte parfaicte intention, ioüiſſant du bien receu par ma lumiere, & tenant en threſor eternel le baiſer que i’ay eu de ſa maieſté, quiſe rale dernier que receura ma bouche, ie perſiſte ray vnique à mon obiect, loyale à l’amour, & fi dele à moy-meſme iuſques au tombeau. Telle fut ſa reſoluti6 qu’elle a fait paroiſtre ; Elle auoit vn frere, auquel par ſa priere l’Empereur donna les eſtats de Paratolme, & pource que ce miſera ble l’auoit aimee, elle fit enſeuelir ſon corps en vne metairie, où elle fit dreſſer vn ſimple tóbeau à la triſte memoire du treſpaſſé, & donna ce lieu aux pauures, afin qu’ils ſe ſentiſſent du bien dót elle auoit abondé. —