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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/329

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Le uoyage des Princes


de l’engagement auquell’amour l’a força. Et luy auſſi qui n’auoit iamais rien veu qui euſt puiſſan ce de l’eſmouuoir, recognut en ceſte belle la iu ſte force qui ſeule le pouuoit dompter.Ces deux cœurs vlcerez qui par hazard de veuë ſ’eſtoient animezl’vn pour l’autre, euſſent bien peu döner iugemčt, ſi l’amour eſt par deſſein ou par deſtin. Admirable deſtinee, ie te recognois vnique con duite des courages qui ſont vagans apres les tra uerſes d’amour ! S’il auient que par toyie ren contre en l’affection de celle qui m’anime à ces diuerſitez, ie te chanteray vn hymne, par le quel en deſpit des hypocrites quite diffament, ie te colloqueray au deſſus de toutes les puiſſan ces ſecondes. Beau fils, ne te defie point de ta fortune, Dame n’aye point de regret à ton ele ction. Que ces deux ames ont de figures en leurs mutuelles penſees, qui n’ont ſoulagement que de la § que les yeux leur ſuggerent, ces feux de vie ſont les agreables meſſagers qui certifient les courages, de ce que la bouche n’a encor oſé proferer : ils ſont recognus des amans auoir la puiſſance de raconter tacitement à l’eſ prit des nouuelles de ſa paſſion. Ces deux amans par le brillant effort de leurs douces lumieres qui ſ’entrecommuniquoient ſi tendremët leurs feux, ſentoient leur liberté ſe tranſporter, & leur propre vie ſe feparer de ſon lieu ordinaire, pour demeurer en l’autre. Fonſteland eſpere en ſe faiſant fort ſur la dignité de ſon ſang, il ne de mord point ; & encor qu’il preueuſt toutes ſor tes de difficultez, ſi delibera-il de tenter fortune, & l’obtenir. La belle qui ne ſçauoit quel rang