Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
293
fortunez. Entreprise II.


tenoit celuy qui la rauiſſoit à ſoy-meſme ſ’enue lopeit en des incommoditez d’eſprit intollera bles. Elle eut preſques bien voulu qu’il n’eut iamais comparu deuant elle, & toutefois elle fut morte de deſplaiſir ſi elle ne l’euſt veu, meſmes ſe trouuoit toute incómodee de cœur, ſ’ileſtoit abſent plus long temps que de couſtume. Son vnique ioye eſtoit que ſes yeux vinſſent inceſ ſamment ſoliciter les ſiens, & reſpondre aux de licieuſes atteintes qu’ils fentredonnoient lors qu’ils ſe trouuoient enſemble : Ce bel amour n’eſtoit qu’és eſprits, le Fortuné n’oſoit ſe deſ couurir de peur de ſe deſcouurir ; & puis il trou-. uoit tant de bien en ceſte idée d’amour, qu’il craignoit de perdre ce contentement ſ’il ſ’auan turoit trop, & ne ſçauoit encor ſi c’eſtoit amour qui excitoit le cœur de Lofnis : ainſi qu’il lere cognoiſſoit en ſoy-meſmes ; Elle n’auoit pas au tre penſee que luy, tellement qu’ils viuoient en grande inquietude, pour ne ſçauoir rien de cer tain de ce qui les agitoit, car la parole viue ima ge des pures fantaſies, ne leur auoit pas encor ſerui à deſcouurir les pretentions de leurs ames, & toutefois ces deux beaux obiects d’amour ſe donnoient du bien en ſe nourriſſant mutuelle ment de l’eſpoir qui parauanture leur donneroit l’iſſuë ſouhaittable. Lofuis qui conſideroit Fon ſteland ſ’auantager de ſeruices vers elle, auecvne façon qui reſſentoit des traicts de grand, & non ſeulement de ſimple gentilhomme, ſ’imagina que ſ’il n’eut eſté autre que ce quelon le preſu moit à la court, il n’euſt pas eu l’aſſeurance de leuer les yeux pour les repaiſtre du moindre


T iij