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fortunez. Entreprise II.


lement accommodé les paſſages, qu’il faut que tous voyageurs viennent qbuter à vn palais, qu’il a fait baſtir aupres des chemins : chacun qui veut entre en ce Palais, pour obſeruer la couſtume qui toutesfois eſt libre. Auſſi ce Prince qui eſt des plus curieux, a fait dreſſer ceſte auanture de courtoifie, pour gratifier les beaux eſprits.Icy tous les paſlans vont & viennent en liberté, & ſeurté, auec plaiſir & profit, aux ames capa bles des ſujets qui s’y aperçoiuent : Quand il entre quelqu’vn ou pluſieurs, il vient au de uant vn cheualierarmé de blanc, qui leur fait en tendre qu’ils ſont aux marches du Royaume de Narciſe, lequel ſ’eſtend en ces pointes, preſ ues par toutes les contrees où la nymfe Filo # eſt cognue, & les prie de par le Roy, ſ’ils ſont curieux de s’arreſter pour voir les merueilles du lieu, ou ſinon qu’ils viuent à leur volonté, & y paſſent le temps à leur plaiſir, leur mon ſtrant le chemin qu’ils voudront ſuyure, où de la ville pour le trafic, ou du Palais pour la cu rioſité, preſques tous vont au chaſteau : car le chemin à la ville n’eſt de gueres alongé par là, Quand on eſt introduit au Palais, on entre dans vne belle grande galerie, & là on void les figures de tout ce qui eſt exquis en ce lieu. Ceux qui ſe cognoiſſent en la peinture, ſont fortayſes devoir ce qui ſ’ofre à leurs yeux, & s’ils ne penſent qu’à cet objet, apres auoir re cueilly par la veuë ce qui y eſt de plus beau, s’en vont rendans graces au Roy & au cheua lier, & ne s’y arreſtent qu’autant que leur con tentement les attire : mais les cœurs qui s’aui-