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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/374

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fortunez. Entreprise II.


M’ayant expoſé ces biens il me mena voir les excellences où i’abiſmois preſques mon eſprit, il eſt vray que i’eſtois releué par le deſir qui ſ’aug mentoit en moy, voyant tant de precieuſes & belles ſingularitez, & m’eſtimois du tout heu reux à cauſe de ſi parfaite rencontre. Puis me fouuenant que tout ſ’y faiſoit ſelon les ordon nances de la Fée qui eſtoitgouuernâte, ie requis le Sage de m’en dire la raiſon, ce qu’il fit gratieu † me diſant : Nous eſtions fort triſtes de l’abſence de nos trois Princes, & toutesfois ſça chant qu’ils eſtoient reſolus à toutes fortunes, comme vrais enfans de vertu ; nous reſolumes auſſi de nous monſtrer vrais precepteurs de tant dignes eſprits, parquoy oublians tout fors le ſou las de noſtre hermitage, nous priſmes plaiſir d’y aſſembler tout ce qui eſt eſtimable. Il y eutiadis vne ancienne Sibile, qui eſtoit ceſte Glaucigelle, renommee en tout l’Orient pour ſes perfectiös, laquelle fut femme d’vn Roy d’Aſie, duquel elle eut pluſieurs fils & filles, entre ſes filles vne qui eſtoit boſſue fut mariee au Roy de Perſe, qui en eut quelques fils, dont vn fut Roy de Calicut, qui eut deux filles, l’vne blanche, † pour ceſte cauſe fut nommee Blanche, laquelle eſtoit che rie & careſſee fort mignardement, & l’autre fut laiſſee negligemment, & de tel defaut de ſoin que meſmes on ne ſ’eſt pas ſoucié de ſon nom : Quelque maligne influence procuroit ſa perte, à cauſe de ce que le deſtin auoit eſtabli deuoir. eſtre executé par elle. Eſtant grande & aſſez meſpriſee de tous, voire meſmes deſdaignee, ſa. ſœur ſ’en eſmerueilloit : car repenſant aux dons


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