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fortunez. Entreprise II.


l’erreur, ils font ſemblant d’eſtre contraints, adonc l’ange de la mort ſe preſenta à eux : Ils luy firent leur propoſition, & requiſition touchant la Fée, & l’ange leur promit de faire ce qu’il pourroit, & pour dauantage les maintenir en leurs ſofiſmes, dit qu’il l’a ſurprendroit, adiou tät ce diſcours, Chers diſciples del’eſchole par faicte, ſi iela puis ſurprendre, ie ſeray plus fort que la Deſtinee, & ſi la Deſtinee reſiſte, ie feray vn traict de trahiſon occulte, qui tombera ſur elle ou ſur vous, ſi par l’effort de voſtre bonne ſcience vous ne m’aſſiſtez par charmes &valides characteres, tels que ceux qui ont pouuoir ſur toutes les ſecondes ſubſtances : Or me laiſſez aller, car i’ay affaire ailleurs, & bien toſt i’iray à « ceſte partie : L’Ange de la mort ayant pris ſon opportunité, vint trouuer la Fée ainſi qu’elle ſe † & ſe preſentât à elle du coſté de Midy, uy dit : Fée, ie te viens prononcer ta derniere faſcherie, auiſe à te reſoudre, afin que toname ne ſorte hors de ton corps auec indignation. La Fée l’ayant veu, & ſe ſouuenant des bons arreſts de la Deſtinee, qui luy ſont promis, ne fit gueres d’eſtat de telle harangue, parquoy elle luy dit : C’eſt ce qu’il faut dire aux cœurs qui facilement ſ’eſpouuentent, & puis il n’eſt pas le temps que ie termine mes deſtinees, pource que ie ſuis ca pable d’amour, & digne d’eſtre aimee. Tu me deuois aſſaillir pluſtoſt, & auant que ie cognuſſe ce que ie puis meriter, alors que l’enfance ne me faiſoit mediter que de petites & innocentes va nitez, à ceſte heure que ie ſuis propre aux gran des conſiderations, & que ma vie me releue