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fortunez. Entreprise II.


rendant raiſon de mes conceptions, te donne tant de crainte, qu’à peine as-tu l’aſſeurance de prononcer ces paroles. LA N G E. Ie la tireray par tes doigs. LA FEE Ils ont tant de fois pro portióné les douceurs d’Amour, laçant des filets pour enfiler les ames, que ſi tu t’y rencontrois tu te trouuerois ſerré de ſi pres, que tu oubli rois l’horreur de ton deſplaiſant office, pour eſtant deuenu vray ſuppoſt de la vie, t’exercer à la continuation des eſſences, au lieu de les perſecuter. L’ANGE. Ie te l’eſteindray dans le cœur. LA FE E. Ton pouuoir ne ſ’eſtend que ſur ce qui eſt mortel, & mon cœur ne le peut eſtre, il eſt tout vie, & vie ſi brillante, que ſi tu preſumes le preſſer, il en ſortira tant de viues eſteincelles d’Amour & de flambes de vie, que tes aiſles en approchans ſeront eſchauffees, & deu1endront ſi viues, que retournât vers la mort, tu ſeras capable de luy faite changer de forme, & la rendras toute viue, ou tu la conſumeras du tout. L’A N G E. Ie l’enuahiray par l’endroir de concupiſcence, à ce que § tO11 pucelage & ta vie ie t’extermine. LA F E E. Les eſprits qui n’ont point de conuerſation auec la chair, n’ont point auſſi d’apprehen ſion de ce qui eſt latent ſous la compoſition de ces parties, leſquelles appartenans à Nature ne ſont point ſuietes à la violence de ta com miſſion. L’AN G E. Je l’eſpuiſeray par la ſen tine du vidange de ton corps. L A F E E. Il v a tant à dire de l’excrement à la pureté 4e la ſubſtance, princeſſe du total de noſtre corps, que iamais mon ame ne pourra ſ’en