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Le uoyage des Princes


approcher, & ſ’il ya plus, c’eſt que la honte t’y rencontrant te feroit changer de forme, ſi que troublé tu ne ſçaurois que penſer ny effectuer. L’A N G E. Ie la feray exhaler par tes cheueux. LA FE E. O ! miſerable eſprit, qui n’as pouuoir † la conduite de ceux qui ne peuuent plus ubſiſter en leur domicile, n’eſpere rien agir ſur moy, pauuret, ſi tes aiſles ſe meſloient dans les brins de l’honneur de ma teſte, tu y ſerois ſilon—. guement arreſté, qu’il ne ſeroit plus memoire de toy, que priſonnier eternel dans les nœuds qui ſ’y feroient, ſerois le ſujet de mon plaiſir, lors que ie voudrois m’eſbatre en te faiſant paſſiöner au pris que ie lierois & deſlierois ton plumage abbatu ſous l’effort de mes cheueux. L’AN G E. Tu as beau faire la reſoluë, ſi ſçais-tu bien qu’il faut m’obeir, par où veux-tu que ie rauiſſe ton ame, à ce que tu ayes du plaiſir en mourant à ton choix ? LA F E E. Ie ſçay bien que ie n’ay point encor de ſubmiſſion à ta loy. Quand la Deſti nee l’aura ordonné, tu ne m’en demanderas ny conſeil, ny conſentement. Encor ie ſçay fort bien, qu’à cauſe des belles ordonnances de ma façon de viure, tu ne trouueras rien d’indigne en moy, parquoy pour maintenant tu te retireras cóme ſi noſtre rencótre n’euſt point eſté, & puis auiour determiné, qu’il faudra que malgré moy i’expire, tu conduiras mon ame exalee de mon corps par l’endroit que tu ne peux ſçauoir, auſſi tout ce que tu m’as propoſé, eſtoit afin que ie t’enſeignaſſe ce grand ſecret, qui ne t’eſt point cognu, ains à nous & aux eſprits predeſtinez à tel ſçauoir : Et pour te dire ce qu’il faut que tu