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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/441

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Le uoyage des Princes


tu, que les vertueux l’admiroient & aimoient, & il les tenoit auſſi ſi chers en ſon cœur, qu’il ne leur eſpargnoit rien quand il en trouuoit, & pouuoit leur faire du bien. Ce Roy doncques s’eſtant fait cognoiſtre autant plein de liberalité quebra ·ue & vaillant, car il auoit conquis le Royaume de Cruſtee en l’iſle d’excellence, fut craint & aymé : craint, pource qu’aucun n’auoit oncques peu ſubiuguer ces Inſulaires à cauſe des forces qu’ils receuoient de ceux auſquels ils ſont alliez & ſer uent, pour la ſoude annuelle, & maintenant qu’il les a reduits à ſon vouloir, ils luy payent tribut, meſmes plus qu’il n’en exige, car c’eſt iuſtement exiger que faire bien payer les vaincus qui ont e ſté inſolens, pour ce qu’il faut faire iuſtice : ay mé, pour ce qu’il s’accorde incontinant à tout ce qu’on luy remonſtre, & fait bien à tous. Le bruit de ſes vertus, & des recompenſes dont fi honoroit les gens de merite, empliſſoient ſa court de toutes ſortes de gens d’eſprit, & des plus habi les en toutes vacations, leſquels il entretenoit courtoiſement, gracieuſement & magnifique ment, ayant ſes heures ſi bien diſpoſees, que les affaires d’eſtat ſe faiſoient, les exercicesdelaguer re continuoient, & les ſciences eſtoient maniees, & tout de tel ordre que le plaiſir en abondoit. Ceſte grande bonté & familiarité de Roy, ſuſcita le cœur d’vn Sage Druyde ancien, & fondique de ſciences, lequel vint viſiter ceſte Court. Il n’y entra pas en appareil de Philoſophe qui veut eſtre recogneu, car ils’y introduit ſimplement, pour ſçauoir par verité ce qu’il auoit deſcou uert par bruit, & tenu eſtre par opinion : Ayant