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fortunez. Entreprise II.


conuerſé librement en ce lieu, à la fin il s’addreſſa au Roy qui le receut humainement, & le Sage luy dit, qu’il auoit quelque choſe de conſequence à luy dire. Le Roy le prit gracieuſement par la main, & le deſtournant en l’allee où il ſe proumenoit pour lors, apres les paroles ordinaires & reciproques de rencontres & addreſſes, luy dit. Et bien, mon pere, que deſirez-vous de moy ? Le drvyde. Sire, cognoiſſant voſtre inimitable zele vers ceux qui ont l’ame curieuſe, & ayant entendu combien vous auez acquis de perfection és ſciences, ie ſuis venu à vous, non pour vous requerir d’aucun preſent, car ce ſeroit errer de vous ſpecifier ce qu’on deſireroit de voſtre Maieſté, qui ſçait cognoiſtre ce dont il faut gratifier chacun, preuenant ceux qui ont beſoin Mais pour vous rendre graces de tant de biens, que vous nous faites, à nous tous qui ſommes deſireux des beaux ſecrets. La grace que ie vous en deſire rendre eſt vn admirable ſecret que ie vous communiqueray : ce qui eſt grand appartient aux grands : i’ay tiré ce ſecret de noſtre cabale, en laquelle tous les ſecrets ſont reſſerrez & gardez en leur naifueté, Le Roy. Sage pere, ie ſuis bien aiſe de l’eſlection que vous auez faite de moy, pour vn tel dépoſt, dōt ie ne ſeray point ingrat : & bien que la ſcience ne puiſſe eſtre payee, ſi vous ſatisferay-ie de la peine que vous auez priſe, & la ſatisfaction vous la prendrez en moy-meſme : car ie ſeray du tout à vous, & en pourrez diſpoſer, ainſi que voſtre ame fait de ſes penſees. Le Sage. Sire, vous me voulez trop payer, & à celà ie cognoy que vous vous fiez en moy, ie vous


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