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Le uoyage des Princes


requiers que ſoyons en lieu ſecret. Le Roy le mena en ſon cabinet, puis le Sage pourſuiuit, Mon ſecret eſt vne belle induſtrie, par laquelle quand ie veux ayant en mon pouuoir quelque 2.— nimal, ie le fay mourir, puis l’ame eſtant ſortie, ie m’approche du corps, & par lavertu de l’air qui inſpire & reſpire, i’expire auſſi & coule moname dans le corps occis, laiſſant le mien priué de vie, & adoncques ayant toute ma raiſon & mon in telligence, ie me donne carriereoù il me plaiſt, ſe lon les mouuemens naturels du corps §. puis ayant en iceluy paſſé ma fantaiſie, quand ie veux, ie retourne en mon propre corps, vſant ſur le mien du meſme moyen que i’ay practiqué ſur ceſtuy-là poury mettre ma vie. LE RoY. Eſt-il oſſible, möpere, que telle metempſychoſe ayt † & qu’vne ame s’allie à vn corps qui n’eſt point § vnion naturelle ? LE sAGE. Il l’eſt, en ce que les eſprits ſont ſi purs qu’ils n’occupent point de lieu pour en auoir de plus ou de moins, & partant tout corps leur eſt indiferent, pourueu qu’il ayt de l’analogie à la vie de celuy dont elle eſt ſortie, ſans eſgard de plus grand ou plus petit, ou autrement figuré : Et puis les eſprits n’ont rié de commun à la matiere quant à ſoy, laquelle ils veſtent comme organe. Il eſt vray que ce ſte correſpondance qu’ils doiuent auoir, eſt ne ceſſaire, entant que s’il n’y a quelque ſimilitu · de en la ſubſtance des corps, ils ne s’y daigne roientinfuſer, ſinon que de grace ils vouluſſent s’y ioindre pour quelque autre plaiſir, comme l’ame du beau Fœbus ſe mit au corps de Ma · diant : ce Fœbus eſt vn de nos Roys, qui ſça-