Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
436
Le uoyage des Princes

Ie releue mon cœur ſur les formes plus belles,
Me guindant vers le ciel d’vn vol audacieux,
Et pour eſtre admiré des courages fideles,
Ie brilleray d’ardeur aux feux de vos beaux yeux.
Ce magnifique obiet tant d’honneur me propoſe
Que ie ne penſe rien que des deſſeins d’honneur :
Tout ce que ie pretens, tout ce que mon cœur oſe,
Ne reſpire qu’effects, accomplis de grandeur.
Braue & determiné, ce beau deſſein i’auance,
En me rendant parfaict au ſeruice voué
Pour autant que ie ſçay qu’en telle obeiſſance,
Mon courage ſera de ma Belle auoué.
Belles pointes d’honneur, nourries de ma flame,
Ie m’eſlance par vous en des ſujets diuers,
Et glorieux d’auoir vne ſi belle dame,
De ma gloire ie veux honorer l’vniuers.
Ia de deſſeins nouueaux les cœurs ie renouuelle,
L’eſclat de mes diſcours eſmeut ja tous les cœurs,
Ceux qui vous verront Belle, & cognoiſtront mon zele,
Imiteront mes feux pour auoir des faueurs.
Ma Belle vous ſerez le patron deſirable
Des belles que l’on ſert, quand on ſert brauement :
Et moy le ſeruiteur, dont l’audace agreable,
Sera le beau proiet pour aimer galemment.
C’eſt faict, il n’y a plus d’amour & d’eſperance,
Qu’en vos yeux, qui d’Amour ſont la force & l’honneur,
Auſſi tout le deuoir, & toute la conſtance,
Se trouuent és effects de ma fidelle ardeur.

Les Fortunez recognurent cet air ; car Fonſtelant l’auoit fait pour Lofnis, parquoy apres la