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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/474

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fortunez. Entreprise II.


muſique ceſſee ils changerent d’entretien, & laiſſant la compagnie voir le marchād & ce qu’il auoit de beau, prierent la Belle de leur declarer comment & de qui elle auoit eu ceſte piece. Elle leur fit reſponce auec grande modeſtie, que ſ’il leur venoit à gré de l’eſclaircir de ce dont elle les requerroit, qu’elle les en rendreit contans. Les promeſſes mutuelles faictes, elle leur demanda, S’ils n’eſtoient pas ceux que l’on nommoit les Fortunez. Ils luy dirent qu’ils eſtoient tels, & qu’en ceſte qualité ils la ſeruiroient. A ce propos ils debaterent reciproquemēt & auec courtoyſie des offres de ſeruices, dont on ſ’honore entre gens d’honneur, puis elle leur raconta ce qu’elle auoit entendu d’eux, & que par les enſeignes que lon luy en auoit dites, elle les auoit remarquez, les deſirant fort cognoiſtre, tāt à cauſe de leurs perfections, que pour le deſir qui la preſſoit d’eſtre eſclaircie de pluſieurs ſujects traictez entre Lofnis & elle : puis leur deduiſant à peu pres ſon voyage en Glindicee, & comme la Princeſſe luy auoit donné cet air, narra en fin toute ſon auanture, & qu’elle eſtoit fille du Roy de Boron, & retraçant en peu de paroles, leur declara ce qui s’eſtoit paſſé entre l’Empereur & elle, & comment il l’auoit expoſee en la foreſt. Quant au reſte de ce qui m’auint (dit-elle) iuſques à ce que i’aye eſté diuinement conduite entre les mains de mon bon homme, ie ne le vous puis dire à cauſe que les frayeurs, les apprehenſions, les doutes, les reſolutions, les deſeſpoirs, les certitudes, les difficultez, & tels accidens me reuenans en memoire, ie troublerois la belle


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