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Le uoyage des Princes


les autres l’ayans ouy luy reſpondirent pour le radreſſer, ces voix mutuelles continuoient, & Etherine qui les ouit, ſe mit en voye pour enſuiure l’air, les compagnōs huchoient reciproquement, & la pauurette alloit apres, l’egaré eſtant ioint aux autres leurs voix ceſſerent, & la deſolee errante ne les oyant plus, ſe recommanda aux pleurs, & aux plaintes qu’elle faiſoit aſſez reſonner à trauers les arbres : Ses lamentations douloureuſes paruindrent aux aureilles de ces paſſans : car le ſilence eſtabli de nuict, faict que lon oit plus clair. Ces gens donc, oyants & s’enquerās entr’eux s’il y auoit quelqu’vn à dire, & trouuants que non, s’aſſemblerent & preſterent l’oreille, ſe tenans cois & ſans bouger, & ils ouyrēt des plaintes ſi piteuſement dolentes, qu’ils en eurent compaſſion : parquoy apres s’eſtre encor recognus, ils iugerent que ces voix & cris piteux venoient de quelque perſonne en grāde angoiſſe, & amertume de cœur. Ils s’arreſterent tous & vn des plus anciens de la troupe moins craintif & plus reſolu, s’auança yers la part d’où procedoient ces voix plaintiues, & appellāt & broſſant en deliberation d’en ſçauoir des nouuelles, reitera tant à appeller, que la deſolee Etherine l’ayant ouy, reſpondit & appella auſſi, & en fin l’vn & l’autre par l’inductiō des paroles eſleuees & inſtruits parle bruit s’approcherent. Elle qui eſtoit toute troublee, n’eſtant pas bien aſſeuree d’eſtre ſi pres d’autres perſonnes, (tant ſon imagination eſtoit imprimee de mal apparent) à l’approche de ce bon perſonnage treſſaillit, eſclattant vn cri d’eſpouuantement, comme ſ’il