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fortunez. Entreprise II.


fuſt ſuruenu quelque beſte farouche pour la deuorer, dont le bon homme en fremit tout, mais ſ’aſſeurant par la proche preſence de ceux qu’il ſçauoit bien, qu’ils ne l’abandonneroient point, & puis diſcernant la voix d’vne perſonne, ſ’approcha de celle qu’il auoit ouie, qui eſtoit Etherine, laquelle apperceuant à peine il prit par le bras, & la ſentant liee, il chercha le nœud de la corde pour le defaire, ce que ne pouuant en ſi longtemps à taſtons, il tire ſon couſteau & la coupa, & attirant à ſoy la Dame, la pria de prendre courage, & ainſi l’amena aux autres la conſolant à ſon pouuoir : L’oſtellerie eſtoit encor aſſés loing, tellemēt que chemināt & diſcourant auec elle, il ſçeut d’elle ce qu’il luy vint agré de luy declarer pour lors de ſon eſtre, ſurquoy ils conclurent enſemble du moyen de l’ayder en ſa fortune, & des ceſt inſtant la teint comme ſa fille : Eſtans arriués il la ſoignit auec honneur, auſſi en auoit-il auertis ſes compaignons, qu’il pria de trouuer bō la charité qu’il exerçoit enuers ceſte pauure fille, qui ſ’eſtoit declaree eſtre vne ſimple Damoiſelle muſicienne, laquelle ayant laiſſé ſa compagnie pour aller faire & chercher fortune en vn chaſteau là aupres, auoit fait rencontre de mauuaiſes gens qui l’auoient volee & miſe en piteux eſtat où ils l’auoient trouuee, & diſoit que ſans qu’ils les ouyrēt, poſſible ils luy euſſent mesfaict en ſon honneur, dont elle auoit eſté preſeruee par leur heureuſe rencontre. Ce persōnage qui auoit quelque credit parmi la troupe eut moyen de faire ce qu’il voulut : Iceluy voyǎt en cette fille vne grace auec la façon promettant