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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/530

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Le uoyage des Princes


les paſſionnés parloient, baiſe la main & luy ten dit, & elle ſe leua & illuy dit : Vous ſçauez belle Proſine, que i’eſtois franc de ſoing, & que ie n’auois aucune apprehenſion lors que ie fis ren contre de voſtre beauté, qui m’apparut comme vn aſtre de bon-heur, & ie ne veux que vous ſeule pour eſtre iuge de mes actions, depuis que ie vous eu preſenté mon ſeruice, & que pour vous ie formé en mon cœur l’inquietude & le ſouci d’amour, vous ne vous eſtes iamais plaint de moy pour auoir fait faute au ſeruice que ie vous doy. Auſſi ayant fait mon deuoir ie ſuis venu icy, non pour vous accuſer, ains pour de mander recompenſe de mes ſainctes affections, & faut mettre en euidence ce qui eſt paſſé entre nous, afin qu’il en ſoit memoire en lavie des bös amans, vous ſçauez auſſi que i’ay eu le cœur net, & que quelque diſcours que ie vous aye fait pra étiquant vos belles graces, mes paroles ne ſouſ piroient que ce que ie vous repreſenteray. Ma fidelité fera paroiſtre que ie ſuis tellement con ſtant, que difficulté aucune ne peut me deſtour ner de mes deſſeins, ie ſuis tant reſolu à la perſe uerançe, que iamais il ne paroiſtra de tache à mon honneur : auſſi mes humeurs ſont ſi bien diſpoſez au proiect de mes premieres volontez, que ie ne fieſchiray point, & quand meſmes ce ſeroit ma ruine que m’arreſter au ſuiect où ma pieté m’oblige, ſi ne laiſſeray-ie dy continuer à cauſe de ma ropre valeur. Dauantage mon ſu ject eſt de tant de merite, que ie ne peux rien Penſer de plus deſirable. Soyez aſſeuree de ceſte’erité, & que mes paroles ſont touſiours l’image