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Fortunez. Entreprise III


de ma penſee. Ie cognoy bien que ie ſuis trop eſloigné de toutes graces pour meriter que vous me croyez, ou que vous me voulez du bien, toutefois i’eſtime tant de moy, veu la belle impreſſion que i’ay en l’ame, qu’il m’eſt auis qu’il faut que vous ſoyez certaine que ie ſuis veritable & conſtant à vous ſeruir, & par cela ie me perſuade que voſtre eſprit tout accompli, reçoit quelque gloire de triompher de moy. Ces paroles ſont le ſuiet de mon ordinaire entretien, ce que ie profere eſt le pied où ie me ſuis reglé en vous ſeruant. Ie ſçay bien, & vous ne l’ignorez pas, que ie me ſuis inceſſamment conformé à voſtre humeur, que ie voyois galante & releuee, & qui vous tiroit du commun ordre des Dames, par quoy en la proteſtation de mon ſeruice, ie chanté deuant vos yeux l’hymne de ma fidelité que — ſelon la couſtume de ceans, ie feray ſouſpirer à ceſte lyre, le repetant deuant ce grand Empereur, & ie vous prie d’y ioindre voſtre voix, comme iadis nos volontez eſtoient vnies, quand noſtre bonne fortune nous allectoit ſous les aiſles d’Amour. La Belle y conſentant, ſouſpira les accens de ce bel air.

Eſleuez voſtre cœur ſur les formes plus belles,
Paſſez outre le ciel en vos conceptions,
Afin de vous vnir aux beautez eternelles,
Qui ſont le ſaint obiect de vos affections.
Auſſi permettez moy d’auoir l’ame eſlancee
De ces belles ardeurs qui vont vous releuant,
Que vous ayant pour guide en ſi belle penſee,
Comme vn aſtre ſacréie vous aille ſuyuant,