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Fortunez. Entreprise III

Uos beautez m’ont conquis de puiſſance abſolue,
Me uenant deſtourner de toute autre beauté,
A peine vous auois-ie encores apperccue,
Que vous vintes ſaiſir toute ma liberté.
Tenez voyla mon cœur poſſèdez le ma Belle,
Diſpoſez en maiſtreſle, ainſi que vous voudrez,
Ie ſcay bien que touſiours il vous ſera fidcle,
Car il demeurera tel que vous le rendrez
Bien que vous en iugiés voſtre gloire petite,
Si vous me comparez à vos perfeciions :
Toutefois vous direz que ie ſuis de merite,
Si vous faites eſtat de mes affettions.
Releuez mon eſprit pour le rendre admirable,
Formez-y des deſſeins tout grads & tout parfais,
Ainſi que vous ſerez ma cauſe fauorable
Auſſi ie vous ſeray l’honneur de beaux faits.
Si vous en deſirez vn iuſte teſmoignage,
Ne ballez recherchant que dedans uoſtre cœur,
C’eſt de vous que i’ay eu ce que i’aydecourage
Car vous m’auez choiſi pour voſtreſeruiteur.

semnose. Ceſte Nymfe a raiſon, car voila Theofron les meſmes ſouſpirs par leſquels vous fiſtes profeſſion de me rendre teſmoignàge de voſtre deſir, mais vous ne duraſtes gueres en l’e— ſtat de ſi beau deuoir car ſans me dire adieu vous aſlaſtes où d’autres ſouhaits vous träſportoyêt, & m’ayât fait ceſte belle proteſtation, vous vous eſtes eſlongné de moy ſans cauſe. THEoFRoN. Belle vousauez occaſion de m’accuſer, pource que ie deuois tout oublier fors l’apparence & la | verité du ſeruice que ie vous doy : Ie me côdani ne moymeſme, & ſuis preſt de receuoir telle pu nition qu’il vous plaira de la faute que i’ay faite,


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