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Fortunez. Entreprise III

Ie ſcay bien qu’il falloit acheuer mon deſſein,
Mais ſans auoirpreueu de rencontre future,
Ie ſaiuois pleinement de mon deſir la fin.
Ie ne m’excuſe point, i’ay failli ma lumiere, ue deuoy ie eſtimer par deſſus mon deuoir ?
I’en demande pardon. D’vne faute premiere,
Vous ne vous deuez pas encor apperceuoir.
Que mon cœur fut tronblé lors qu’en ceſte ſurpriſe
Je me vi deſtonrné de mes denotion,
Les belles qui faiſoient changer mon entrepriſe,
Virent bien que i’auois d’autres intentions.
Auſſy ie declaré ceſte ſecrette flame,
Qu’auec tant de douceurs ie conpoy vous aimant ?
Ie veux que mon ſecret ſoit Ynique à mon ame,
Qui n’aime pas ainſi, n’aime point ardemment.
Ainſi que vous voudrez, iage ( moy ma maiſtreſſe,
Je ſouffriray conſtant tout ce qu’il vous plaira :
Uoſtre œil eſt l’aſtre ſaint qui mafortune adreſſe,
Ie viuray, iemourray, comme ill’ordonnera.

Melisse. Tout cela eſt beau pour ſ’excuſer, pourueu que voſtre cœur ſoit entier, mais ie me tourmente pour neant, car entre-vous gentils · hommes, vous auez tant de feintes, & de moyens de ſurpriſes, auec les inuentions de vous excuſer quand vous auez failly, que vous nous faictes croire ce qu’il vous plaiſt, & ce pendant vous prenez voſtre plaiſir par tout, pource que tous ſujects vous ſont agreables & beaux. V E R v I L. Vous m’affligez, ma Belle, i’ay le courage ſi entier & tant à vous, que tels eſbauchemens de deſloyauté n’y ont point de lieu. Pourquoy me voulez yo"perſecuter ſachãt