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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/607

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Le uoyage des Princes


ſe declara à Clarioſe, luy deſcouurant fidelle ment ſes affaires, ſa maiſon, ſon eſtat, ſes amours, ſes ennuys, & ſa deliberation : ce qui fut pourſui uy auec des pleurs & larmes de tous les yeux de ces deux deſolees, qu’elles conduiſoient de pro fonds ſouſpirs tirez du plus pres du cœur. Apres ue ces deux Demoiſelles ſe furent vn peu con §, & eſtans reuenues de ceſt extaſe de pitié, apprenans vne nouuelle amitié, ſe reſolurent d acheuer l’entrepriſe que Clarioſe inuenta à l’heure de ceſte cognoiſſance. En telle delibera tion apres que les compagnons du deffunct fu rent partis, Arleone ſe retira chez Clarioſe, & y veſcut quelque temps auec le plus de conſolatiö d’amitié qu’elles peurent practiquer, ſans que Arleon ſe § autrement qu’il auoit en cor paru, car la feinte duroit toufiours, & ces deux ſe voyoient auec tant de belles actions, que les voyans en tiroient plus de coniectures ver tueuſes, que les peruers de ce iour n’en euſſent peuimaginer de folles cupiditez. Or Clarioſe auoit eu vn fils de ſon mariage, qui eſtoit nourry auec ſa mere grand, non comme garçon, ainsha billé en fille, car ceſte vieille poſſedee par ſa fan taiſie, vouloit auoir vne fille de ſa bru, & pour lui complaire on auoit touſiours ſi bien faict, que ce beau fils auoit eſté tenu pour fille.Quelque diffi cile pourroit dire que celà euſt eſté bon à trom per vn vieillard qui croit les femmes, & non vne femme qui a plus de liberté auec les enfans que les hommes : pour ſatisfaire à la maligne penſee de ce picquant, ie diray que ceſte Dame eſtoit de l’ordre des Innocentes qui eſt pullulant en ce