Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/608

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
565
Fortunez. Entreprise III


pays là, & entre leur regle vne eſt de croire tout ſans vouloir rien eſprouuer, à cauſe de la conſcië ce, & de crainte que le ſcrupule ou doute fuſt cauſe qu’iladuint mal, ceſt ordre eſt ſemé par my toutes ſortes de gens & ſexes, ainſi quel’eſt. la police religieuſe des filles deuotes.Or donc la bonne femme ayât dit, qu’elle n’aymeroit point vn fils ſi ſa brus en auoit, les ſeruantes auoient ſi bien fait pour contenter leur Maiſtreſſe, que Cloriſel fut tenu d’elle pour vne belle Demoi | ſelle, qui ayant appris l’intelligence de ſon ſe cret, ſe maintinttouſiours meſmes eſtant grand en l’eſtat de fille portant le nom de Cloriſee, de quoy la mere eſtoit contente pour n’ennuyer oint la bonne vieille : & de faitil faut aux vieil † gens accorder beaucoup pour leur conceder peu, car ils ſe contentent pourueu qu’on ne les deſdiſe point.Ceſte gentilleinuention dedeſgui ſement de Cloriſee venant en memoire à Cla rioſe en eut du contentement en ſon cœur, ſans toutesfois en rien deſcouurir à Arleone, &ce qui plus l’induifit depuis à trouuer meilleure ceſte. feinte & l’approuuer, fut ſa nouuelle cognoiſ— — ſance, à cauſe dequoy elle prit en ſigrand dédain le ſexe des hommes, qu’elle confirma par ſecrets meſſages ſon enfant, à ce qui eſtoit commencé. | Ceſte nouuelle aduanture de Clarioſe ne dura ueres, car auant que ſix ſemaines fuſſent paſ ees, ou d’autant qu’elle auoit trop d’amour & de flames, elle futeſteinte faute de les eſteindre, ou pource que ſes deſtinees eſtoient accom plies, parce que ſoniour heureux eſcheut, ſon ame tira vers la multitude. Arleon


Nn iij