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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/610

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Fortunez. Entreprise III


il ietta l’œil ſur Cloriſee qu’il n’auoit iamais veuë, & dont il ne ſçauoit aucune nouuelle, car celà luy auoit eſté teu, & la conſidera de tel œil qu’il ne ſe peut tenir qu’il n’expoſaſt ſon cœur à l’amour poury mettrel’affectiö de ce beauſuiet. Ce ne fut pas ſans conſiderer en ſoy-meſme d’où luyvenoit ceſte amoureuſe incommodité pour vne fille, & toutesfois ſe flattant s’excuſa ſur ce qu’il en eſtoit autant aduenu à Clarioſe, iugeant par là qu’Amour le vouloit exercer de meſme, parquoy il ſe laiſſa emporter à ceſte affection. Cloriſee quin’auoit encor rien veu quil’eut eſ meuë, ſentit vne ſemblable paſſion, & s’eſton nant en ſoy-meſme, de ce que ce pouuoit eſtre, ne ſçeut que penſer, ſinon de ſe reſoudre, que ce n’eſtoit pas amour, mais vne belle amitié, qui ſe formoit en leurs ames : Arieon faignit vouloir paſſer outre, & prendre congé des Dames, mais fa douce conuerſation eſtoit tant’aymable, que elles le retindrent : A la fin preſſant pour obte nir congé, elles luy demanderent qui l’incitoit à vouloir s’en aller ſi toſt, & comme Cloriſeein fiſtoit à ce qu’il fiſt reſponſe, il dit, Il n’eſt pas poſſible que ie peuſfe arreſter plus longuement envn lieu oùie ſuisaffligé ſans auoir fait offence. Et qui vous afaſché : luy dit Cloriſee. Il reſpon dit, Nul que vous, Belle, qui m’auez tant aliené de moy-meſmes, que ie peris pour l’amour de vous, parquoyie deſire m’eſloigner craignât d’é— trer en vn labyrinthe, dontie ne me demeſlerois iamais : Elle luy repliqua, Il n’ya rien tant † que l’amitié, mais il faut qu’elle ſoit reiglee, & que rien n’y contrediſe : autrement les fruicts n’ë


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