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Le uoyage des Princes


l’Empereur prit vn peu garde, mais il auoit in tention d’entrer là, parquoy il dit à Sarmedoxe. Mon pere, ſi ie paſſe à trauers ceſte eau pour aller où ſont ces Nymfes, offenceray-ie ? Sarmedoxe. Non, Sire, mais vous ſeriés mouillé, & feriés ſolution de continuité pour vn temps, il vaut mieux que vous y entriés par la petite entree, afin que toutes nos actions fuyuent la regle parfaite. L’Empereur qui auoit reſigné ſa volonté aux inſtitutions de l’obeiſſance, obeit au ſage, & veint en la tonnelle, & y vid de pres à ſon plaiſir ce qu’elle contenoit. Cependant qu’il s’y delectoit, il ſuruint vn des Princes qui l’aduertit d’vne belle auanture : C’eſt qu’il y auoit en la ſale vn nouueau venu, qui luy apporta brin du grand coagule, qui diſtile de l’arbre : dont eſt produit le fruict qui nourrit la Nymfe Xyrile, à ceſte nouuelle l’Empereur retourna auſſitoſt, & le gentilhomme nouuellement arriué luy fut preſenté qui luy ayant fait la reuerence luy dit, Sire, le deſir d’eſtre du nombre de l’heureuſe troupe, qui s’eſt miſe en queſte de la Belle Xyrile, me fit aſſembler ſix de mes amis, pour tous enſemble nous ranger auec ces voyageurs. Nous fiſmes eſtat de tout ce qui eſtoit neceſſaire : mais nous n’arriuaſmes pas aſſez toſt, ſi que le vaiſſeau où ſ’eſtoyent mis ces beaux eſprits, auoit deſia leué les voiles. Pour cela nous ne perdimes point courage : car nous pourſuiuiſmes chemin, tant qu’il nous fut poſſible, & nous eſtans fait mutuelle promeſſe de ne nous abandonner iamais l’vn l’autre, auons enſemble veu pluſieurs regions, & contrees, auſſi