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Fortunez. Entreprise III


ſans crainte ne trauail & incommodité, noſtre entrepriſe a reuſſi à telle fin que ie vous declare ray. Apres auoir eſté long temps ſur mer, vn peu las de la marine, nous priſmes port en vn haure de Perſe, & nous veint à plaiſir de quit ter l’Ocean pour voyager ſur le ſec, & pres des riuieres, & en ceſte deliberation tirans pais, nous nous trouuaſmes à l’endroit où le Tigris entre dans l’Eufrates, approchans de la nous ouiſmes derriere nous vn grand bruit de ſifflemens diuers & eſpouuätables, & nous reulräs, viſmes des ſer és de toutes ſortes & grâdeurs, qui ſ’auançoyét à nous, ce fut là vne de nos peurs plus exactes, car de reſiſter il n’y auoit point d’ordre, & encore · moinsd’apparence de ſe ſauuer à la fuite, car au pris que nous fuyons ils faiſoyët de grands allon gemens, en fin cóme deſeſperez, ne recherchans plus que le retardement du treſpas, nous ha § le pas auec telle diligence, que nous en traſmes en vn eſpace fort beau, que nous ne di ſcernaſmes qu’apres, venus, là recreus, &’deli · berez de mourir, nous nous iettaſmes vers les beaux arbres, & nous barricadans d’eux, euſmes recours à nos eſpees, pour tuer en mourant. Mais il ne nous en fut point beſoin, d’autant que ces ſerpens qui gliſſoyent de grand roideur à nous, demeurerent derriere, ſans plus paſſer ou tre, bien s’eſlencoyent-ils en haut, & à la foule s’amaſſoiét eſpouuantablement, noſtre peur fut changee en admiration, voyans que ces meſ chans animaux ne paſſoyent point, & puis nous les viſmes ſ’en retourner comme vn flus de maree, cela nous donna occaſion d’aſſeurance, ſi


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