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Fortunez. Entreprise III

Mon cœur eſt emportépar le venteux nuage, Quil’eſleue par vous ſur ſes affections. Vous le cognoiſſez bien, car vous en faires gloire, 8t vous me gourmandez ſans en faire ſemblant, Et pour mepointiller vous me faites accroire, Que vous alle (pour moi quelque amour aſſem blant. C’eſt comme ilfaut leurrer les ames ignorantes, Tour les façöner mieux aux deſſeinsamoureux, Mais de traitterainſi les penſeesſpauantes, Ma belle le hazarden eſt trop dangereux. Non, non, ne penſe{ pas que vous ſoieXſi belle, Que ie nepuiſſe bien n’aimer pas vos beautez, Mais ie vous veux aimer pour paroiſtre fidele, Et que brane ie ſuis Rgi de mes volonte (. C’iue{ ſi vou voulez auec tout artifice, OupaſſeX doucement vos diuerſes humeurs, Ie le cognoiſtray bien, car i’ayfaict exercice Sous l’eſtendart d’amour pour cognoiſtre les C0º/47"$. Tant qu’vne belle humeur vou rendra deſirable, I’obligeray mon cœur au ſeruice voué, Mais ſi vous oubliez ceſtegrace agreable, Ie dirai Pour neant, comme m’eſtant ioué. Puis vn iourvous difie que voſtre ame galante Ne ſe ſoucioit plus de ce que vous ſpauiex, C’eſt fait, me voilà doncpriué de mon attente, Car vousſeauiez.d ſa que vous me poſſedie (. Auſſi ce n eſt pas vous que mon eſprit honore, Mais la belle vertu compaigne de vos mœurs, C’eſt celle qu’en vos yeux deuotieux i’adore, Cos vertus ſont l’obiet de mes viues ardeurs, Jeſuirtout de courage, & vous toute accomplie,