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Fortunez. Entreprise III


entre ces bôs perſonnages on trouue des lumie res eſclairantes en pieté : ceſte demoiſelle deſolee ayant eu logis ſelon ſa qualité, receut la viſitatiö de ces bös freres qui ayâs ouy parler de ſa triſteſle & de ſes deuoirs paſſez vers le deffunct, lui laiſſe 1ëtvn de leurs côfreres pour la conſoler : ceſtui-ci apres auoir ouy les lamentatiös de ceſte femme, entendu ce qu’elle diſoit de ſes reſolutiós, & reſ—. ſentien ſoy la pointe de pitié, ſe mit de tout ſon pouuoir à lui faire gouſter les effets de la côſola tion, & ſe mit à lui faire des remöſtrances de telle veheméce d’eſprit, que biétoſtilla diſpoſa à pé ſer autrement qu’elle n’auoit deliberé : & cepen dāt qu’il lui perſuadoit, que ce mort n’auoit plus de frequentationauec nous, & que ſe ſeroit dö mage qu’elle ſe conſumaten pleurs & triſteſſes, perdant ſon temps en lamétations, pour vn ſuiet auquel cela ne rouchoit plus, illuifitentédre que lesviuans valoiét mieux que les morts, & de fait ſe rédit ſi familier auec elle par les beautez desö diſcours, qu’elle ſe trouua touteträſinuee, & ſon deſplaiſir ſe chāgea en amour, &tel qu’en meſme inſtant les aires en furent priſes & donnees : mais ce ne fut que cömencement, il eſtoit queſtiö d’a— cheuer en continuant ceſte fortune, à quoy le pauure amant ne trouuoit aucun moyen, ains au cötraire ſevoyoit perdu par la deſcouuerture qui auiendroit de ſon affaire ſi elle eſtoit ſceuë, elle quiauoitvn eſprit pröpt, inuentif, & degrãdpre uoyance, le fortifia & lui monſtrale moyen de ſe | contenter & de pourſuyure, lui enſeignant yne voye aiſee de ſe cacher & d’eſchaper pour venir auec elle, que lui ayant cómuniquee ils execu-


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