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Fortunez. Entreprise III


qu’elle fait ſemblant pour attrainer les miſera bles à perdition, ſe gliſſent où l’effrenee concu piſcence les alleche, ie pourrois en deduire tro d’exemples à la honte perpetuelle de ceux qui ſe fouruoyent du ſentier de lºvertu : mais i’ay hon te que mes leures ſoyent profanees de tels di ſcours : Toutesfois puis qu’il faut debatre pour la verité, il eſt conuenable que ie mette en auât vne hiſtoire, qui me ſeruira de pointe contre ce qui a eſté dit, au deſauantage des Dames, ſi cela les touchoit.Vn bourgeois honorable en apparëce auoit eſpouſé vne belle ieune Dame doüee de vertustant apparentes qu’interieures, & telles que ſi ſon mari euſt ſceu le threſor qu’il poſſe doit ſe fut eftimé tres-heureux, & en eut fait tel cas, que ſans ceſſe il ſe fut tenu pres d’elle, & ce plus pour eſtreinſtruit à lavertu au contentemët de l’ame, que pour le raſſaſiment du corps au gré des ſens.Le premier feu de ſa cöcupiſcence § appaiſé en ce ieune homme, il commença à ne faire plus d’eſtat de ce qui eſtoit à luy, & dont le merite eſtoit parfait, & ſe mit à la recherche de la femme d’vn homme d’eſtat, laquelle ſans ſ’eſti mer du ſexe egal à lavertu, ains gliſſant au natu rel de ſa naiſſance, qui n’eſtoit que d’eſtrevnani mal ſenſuel, oublia toute honte, & s’adonna aux miſerables plaiſirs d’incótinence & lubricité, & receut ce perſonnage, vrayemët ſi ceſte folle eut eu quelque apparente grace qui eut peu effacer l’eſclat de l’autre, encores on eut peu † quelque meſchäte ombre d’excuſe pour le bour geois, mais elle en eſtoit du tout differête ſi qu’il eſtoit condénable.Auec ce que ceſte belle beſte


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