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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/672

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Fortunez. Entreprise III


eſtoit hebeſté, ne lui ſembloit que fleurs. Quäd il fut retourné en ſa maiſon il ſe mit au lit pour ſe · faire penſer, & il fut ſecouru de ſa benigne fem me, qui ne ſe doutant point de ſes deſbauches, creut la fortune telle qu’il luy voulut conter, & cependant elle le ſollicita de tout ſon cœur, auec tout amour & courtoiſie de courage.. Il void ceſte douceur tant pudiquement ay · mable qui le flatte ſi amiablement, & auec des attraits ſi chaſtes, que l’honneſte amour en naiſſoit, &toutesfois il ſouſpire en ſon ame & ge mit pour la beſte cruelle qui préd plaiſir à le per dre.Eſt il guariº il retourne au labirinthe de ſon malheur, feſtimantencor trop heureux, ſ’il peut | voler à grand peine vn baiſer de ceſte laſciue, qui feint le lui laiſier rauir en crainte.A la fin le mary de ceſte louue, qui a les yeux aſſez clairs, ſ’apper ceuant des fautes de ſa femme, que ſage il vou droit ne croire point, mais cacher, ne peut ſe con tenir d’auâtage. Et pource ſe deliberant d’y met tre ordre paroiſt de viſage changé, dequoy la deſ loyale ſ’apperceut, & ne voulant pas eſtre pre uenue, practique ſon bourgeois, & lui faitenten—. dre non ce qu’elle ſcauoit de la pretention deſon. mari, mais la feinte d’amour dont elle l’atti roit, lui diſant qu’il n’y auoit plus moyen d’eſtre en peur continuelle, & qu’il failloit ſe liberer : A ceci il ſe reſout, & ſoudain amaſſant ce qu’il peut l’enleua, & faiſant paquet auec ceſte ſiennetant aymee, changea de pais, pour courir fortune auec ceſte meſchante ; laiſſant vne ſage femme & bel—. le en la compaignee de laquelleilauoit du repos, pour courir miſerableauecvne meſchante qui le


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