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Le uoyage des Princes


à ces pauures ames innocentes qui ſont affligees de mon amour ? à tant de Dames qui bruflent inconſiderément pour moy, ſans rien deſirer de contraire à la vertu ? Que leur feray-ie ? Elles me veulentauſſi bien que vous ! C’eſt fait, ie me veux reſoudre, ie pretens qu’vn courage maſle me poſſede, s’il peut, & qu’ily eſſaye, & pour tant aduiſez à vous, parce que s’il aduient que, vous veniez à manquer, vous feriez vne grande tache à voſtre ſexe, & à vous : Et comme au _linge neufvne petite ſalleté paroiſt extrememët, la tache que vous acquerriez vous ſeroit plus ignominieuſement deſaduantageuſe qu’à vn au tre : d’autant que par vos diſcours & compor temens, les premices de vos amours me ſont en gagees, eſquelles s’il y a del’erreur, elle ſera fort manifeſte, & le tout touſiours retournera à ma gloire, car on ne m’accuſera pas, mais vous qui n’aurez ſçeu vſer de voſtre bonne fortune. Ainſi ie vous coneede que ſoyez à moy à ce que vertueuſement vous faciez queie ſoye à vous, & que voſtre reputation redonde à mon’hon neur. Aduiſez à ne faire faute à la vertu, ie vous accepte doncques & à la charge, pour de ·ſtourner toute opinion ſiniſtre, que vous n’au rez autre but quel honneur ny conduite que la raiſon. GELAsE. C’eſt fait, il n’y a plus moyé de s’en dédire, ie ſuis reſolu à ce bon-heur que ie conſerueray toute ma vie, & encores au delà, ſi on y a quelque reſſentiment des delices d’a— mour. Or Madame le bien de ma fortune eſtant arreſté à l’obligation que i’ay de vousſer—. uir, il eonuient queie m’y diſpoſe ſelon la per-