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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/688

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Fortunez. Entreprise III

Rien conſtant n’eſgalant voſtre braue penſer,
Et de ſi beaux deſseins eſtes tant magnifique,
Que vouloir vous ſeruir ſeroit vous offencer.
Belle vous ſerez donq conſtante recognue,
Pour eſtre le patron des courages conſtans,
Mais ne ſoyez pas tant à voſtre humeur tenue,
Que paſſant vos beauteK vous perdiez voſtre temps.

Cet aer, comme ſon ſuiet, fut fort agreable à l’Empereur qui deſira de ſçauoir qui l’auoit fait, & dés l’heure en fit faire inquiſition, mais il n’y eut pas moyen d’en rien apprendre. La Belle en la faueur de laquelle il a eſté ſouſpiré ſcait qui eſt le cœur qui par ces attraits l’inuite à ſe preſenter à l’iris de cognoiſſance à cauſe d’elle, à ce qu’il ſçache s’il eſt aymé auant que ſe deſcouurir. Gelaſe tout eſmeu ne fit pas ſemblant de l’vlcere qu’il en a au cœur, mais quoy que ce ſoit, il ſe delibere d’attendre la fortune, ſcachant qu’il obtiendra ſi d’auanture le deſtiné Huxuree ne luy rauit ſon bien, car la belle ſera pour l’vn des deux. Or comme on chantoit, il entra en la ſale vn Gentilhomme de façon aſſez belle, & de geſte vn peu trop braue, ayant auec ſa mine courtoiſe vne rencontre deſdaigneuſe, |meſlee toutesfois de reſpect : ſa belle apparence fit que meſlé en l’aſſemblee il parut non comme comparoiſſant ou requerant, ainfi que vaſſal d’Amour, ains en forme de curieux indifferent, & remarquant les deportemens de chacun pour ſon contentement. La pauſe eſtant faite, la Souueraine qui l’auoit fort contemplé, le fit appeller & approcher, puis luy demanda qu’il


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