Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
fortunez. Entreprise I.


Feristee. Miſerable moy, pourquoyvous ay ie offencé ? Pourquoy l’amour m’ayant voulu eſgaler à vous, le deſtin m’abat de mon degré ? Ie n’ay que du cœur, & vous Sire, toute grandeur, or ie laiſſe choir ce que i’en auois deſia embraſſé, & m’enſeueliſſant dās l’extreme deſplaiſir que i’ay d’eſtre eſconduite, ie veux mourir, & encore plus inſtamment ie le veux, pour auoir oſé m’auancer à vous requerir puis qu’il vous eſt deſagreable, & mon regret ſe multiplie pour auoir en ceſte fortune tant auguſte trouué ce qui reſiſte au bon-heur de noſtre mutuelle conuenance. Faſcheux ſuccez qui me perdez ! Sire, vous eſtes Roy, & dauantage, vous auez reputatiō d’eſtre plus ſage que Roy, & pourtant mon intention a eſté vous faiſant ce ſte demande, de cognoiſtre & deſcouurir par vous meſnes ſi parfait amour, tel que le merite mavir ginité, vous a incité à m’eſlire pour voſtre, ou ſi c’eſt vne pureardeur de conuoitiſe qui vous y ayt ſtimulé : & pour ce que ie deuois eſtre plus Roy ne que grande, ie vous dy que vous n’aurez riē de moy que la vie par effort, ſi vous l’entreprenez cōme Monarque, ſi ie n’ay le don requis, pource que ie ne ſuis non plus digne d’eſtre voſtre femme, que d’obtenir ce dont ie ſupplie, & qui m’eſt deu par le deſſein qui vous a faict m’eſtimer capable d’eſtre voſtre compagne, pour à quoy paruenir pour la ſplendeur de uoſtre gloire, il eſt auſſi conuenable que i’aye autant de ſoin pour vous eſtre conioinéte, que vo° pouuez auoir de zele à maintenir voſtre vnique grādeur, ou vnie auec moy, ou ſeparee de moy. Le Roy. Ie laiſſe ma grādeur, i’oublie mon ſceptre, ie quitte mon authorité, me fai-


C iij