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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/736

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Fortunez. Entreprise III

Et comme tout diſtrait de mes ardeurs premieres,
Mort à mes beaux deſeins ie n’auois pl° de cœur.
Encores ie ne ſçayſ i’ay de l’eſperance,
Car vous meritez trop, & ie ſuis ſans pouuoir,
Mais vos perfections me donnent aſſeurance,
Que vous aurez eſgard à mon humble deuoir.
Ainſi ie me releue & ie reprens courage,
Puisque i’ay ce bon-heur de reuoir vos beautez,
Ie veux ainſi tourner tout à mon aduantage,
Eſtabliſſant mon bien ſur mes fidelitez.
R’alumé de deſirs, & renflammé de vie,
Ie viens renouueller mon cœur à vos beaux yeux,
Ia ma nuit en beau iour eſt toute conuertie,
Mon eſpoir eſtouffé deuient espoir de mieux.
Ie vous retrouue doncq Royne de ma fortune,
Oracle de mon bien, pour ſçauoir mon deſtin,
Prononcez ie vous pri d’vne voix non cōmune,
En me rendant heureux les Arreſts de ma fin.
Vous pouuez tout ſur moy de puiſſance abſolue,
En vous ſont mes deſirs & l’obiet de mon bien,
Car puis qu’à vous ſeruir mon ame eſt reſolue
Apres vos chaſtes yeux ie ne recognois rien,
Or diſpoſez de moy ſelon voſtre prudence,
M’empeſchant d’eſperer ou me donnāt l’eſpoir,
Mais quoy qu’il en auienne, en ma perſeuerāce
Je demourray conſtant ſans iamais en deſchoir.

Ceſte muſique terminee, l’Empereur ſe leua pour ſe donner vn peu de recreation, en diuerſifiant ſes plaiſirs, & fut conduit en la ſale du grand Palais, où eſtoient les Dames : La Princeſſe de Quimalee y eſtoit qui auoit acconduit Etherine, qu’elle auoit laiſſee en


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