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Le uoyage des Princes


fans d’Adam n’ont pas eu ſi ample cognoiſſance, d’autant que la premiere ſcience leur fut deniee, ou pource qu’elle fut perduë par la faute de celuy qui l’auoit receuë, ou pource qu’eſtant partagee les vns en eurēt d’vne ſorte, les autres d’autres, ſi que leurs inuētions furent diuerſes, comme diuerſement ils heriterent de leur pere. Il eſt aduenu que ceux qui ont eſté vniuerſels en ſçauoir ont par diligence & eſtude ou bonne memoire recueilly & gardé ceſte Science Nottee, & l’ont par charité ou amour de gloire laiſſee à leurs intimes & ſucceſſeurs, & à ceux qui eſtoient les meilleurs d’entre les autres qu’on iugeoit gens de bien, & celà continuoit ſans difficulté, tant que Babylon eſtant entrepriſe, les langues & la cognoiſſance furent troublees de confuſion, & ceſte doctrine courut hazard d’eſtre eſteinte & perdue. Il eſt vray (pour autant que Dieu ne nous punit pas exactement) que quand la langue d’entre la famille, gent & nation fut diſcernee & aſſeuree, les plus ſages qui auoient quelques reſtes de ce grand bien s’auiſerent par labeur exquis, de pluſieurs de ces nottes, & figures des ſuiets & eſpeces, ſi qu’vne partie de la ſcience fut reſtablie es entendemens, & continuee par quelque temps, ce qui ne dura pas long temps, à cauſe de la preſomption des malins qui ſe fians en leur ſçauoir plus qu’au don du Sainct Eſprit s'en glorifierent, & entrerent en ſens reprouué, dont le Genie des Intelligences eſtant contriſté, il laiſſa les hommes ſans les aider, tellement que tout deſcheut gliſſant de mal en malheur, & ces bel-