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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/766

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fortunez. Entreprise IV.


les nottes ont eſté troublees, & leur notice a eſté perduë & euanouye, & les hommes n’ont plus rien cogneu : Ceux auſquels quelque eſchātillon de la bonne ſcience eſtoit reſté, cognoiſſans que le monde n’eſtoit pas capable d’vn tant excellent ſecret qui deſnoüoit toutes difficultez, & ouuroit la nature iuſques aux plus reclus cachots, s’aduiſerēt en celāt le meilleur d’ē publier quelque choſe & telle, que ſans hazard de dōner trop de cognoiſſance on le peuſt apprendre, & en firent vn abbregé : lequel fut aſſez pour tenir longtemps les eſprits en occupation, & ne declarer gueres, bien qu’il peuſt declarer aſſez, & quelquefois trop. En ceſte vertu ils inuenterent le moyen de pourtraire les paroles, & non les choſes & vertus, & ſe contentans de celà par grand labeur trouuerent les lettres, ſe raportans analogiquement aux ſons, aux voix, accords, accents, prolations, mots & paroles : Pour à quoy paruenir, imitans nature qui a quatre elemens, ils ſe figurerent quatre nottes que binant, combinant, & triplant finiment, ils firent eſclorre en lettres conſonantes, deſquelles ils extrayerent les voyelles & diphthongues que ils terminerent à ce que leur cognoiſſance eſtant certaine, on eut de la certitude de ce qu’ils en gendreroient par leurs mutuelles rencontres. Ayant ainſi eſtably ces fondemens ſelon l’vſage, force, & ſignification, de la plus parfaicte langue, ils ont propoſé & laiſſé imiter leur admirable inuention à tous les autres de toutes langues qui ſelon le plus ou moins, de la pureté ou impureté des langages ont accommodé