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fortunez. Entreprise I.


riche & nous auācer : le pouuez vous ? dit-il, Ouy : car à ceſte heure que le Roy eſt malade, il y a moyē de faire vne bōne main, ſi vous me voulez croire ; En la ſuite de ces propos elle l’inſtruiſit de tout ce qu’il falloit faire, & cōment il ſe deuoit cōporter iuſques à ce qu’il fut tēps qu’elle fit vn coup notable. Apres cet auis le Baſteleur veint à la court, & demāde à parler au gentilhōme qui luy auoit eſté remarqué, par l’entremiſe duquel incōtinent il fut introduit deuāt le Roy, ioint que pour obeïr à ceſt humeur hypochondriaque, les medecins auoyēt conſenti & ordōné qu’on amenaſt au Roy tous ceux qui propoſeroyēt de le guarir. Ce Baſteleur eſtāt deuāt le Roy ſ’auiſa de parler à lui d’vne grace ſi nouuelle, que deſia le Roy ſe fut pris à rire, n’eut eſté qu’il eut hōte de ſentir ſi ſoudain de l’amendement : Les melancholiques en ſont de meſme, eſtās ſi malignemët touchez de leur folle humeur, qu’ils ne voudroiēt pas auoir dōné gloire à quelque remede qui leur eut fait du bien, tant ils ont le courage fade. Sire, dit le Baſteleur, i’ay quelque choſe qui vous guarira du tout, ſi vous me voulez croire. Le Roy. Ce que tu me dōneras eſt-il difficile, faſcheux, ou ennuyeux ? Le Bastevr. Vous me la baillés belle, Sire, c’eſt au rebours, ne vous deſplaiſe : & biē Sire, vous eſtes faſché, vn grād deſplaiſir vous guerroye, il vous faut auoir vne extréme lieſſe, & pourtāt ce que ie vous ordōneray ſera aiſé recreatif & deſirable. Le Roy. Cōment feras-tu ? Le Bast. Tout ainſi qu’il vous plaira, mais que ne vous deſplaiſe : Et commenceray par vn ſinge que i’ay, qui vous fera voir voſtre contētement, & biē, Sire, eſt-ce pas parlé cela ? Le