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fortunez. Entreprise IV.

Oriante beauté qui mon eſprit eſlances,
S’il m’eſt permis de viure auec mes eſperāces,
Ie te pri receuoir mes vœux deuotieux.
Animé par tes yeux tu me verras fidelle,
Et que te cognoiſſant vnique aymable, & belle,
Ie ne reuereray que l’honneur de tes yeux.
Royne de mes eſprits, ceſte maieſté graue
Ceſte belle rencontre & ceſte facon braue,
Qui vous practique, acquiert, & gaigne tous les cœurs,
Rendent mon cœur confu, car voſtre belle grace
Qui ſans les receuoir tous les eſprits enlace,
S’accordāt à mes vœux m’ottroye ſes faueurs.
Eſt-ce pas mon bonheur que ta beauté parfaite
Sans peſer mon merite, à mon ame permette,
De l’aymer, la ſeruir, l’honorer, l’admirer ?
Ie n’auois point de cœur auant cette fortune,
Mon corps eſtoit vne ombre, et ma vie importune
Ne ſcauoit que c’eſtoit d’aymer & d’eſperer.
Tout de cœur maintenant, tout d’amour, tout de flame,
Releué de valleur, ie ſus viuant d’vne ame
Qui me fait reſpirer tous effects genereux :
En ſi parfait eſtat, i’entretiendray ma vie
Afin que vous ſoyez fidelement ſeruie,
Autre deſſein ne peut me rendre bien-heureux.

Lemperevr. Ie ne fcay, pourquoy vous faites ma condition pire que celle des autres Amans, ſi ce n’eſt que vous me vouliés faire payer l’honneur du rang que vous m’auez fait tenir, lequel ie n’affectois pas : Lors que i’ay eu le contente-


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