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fortunez. Entreprise IV.

Car les beaux cœurs qui ſcauront mon bon-heur
Vou nommeront des parfaittes l’eſlite.

Que me ſert cela puis que ie ſuis ſeul, que ie parle auvent, & que celle qui eſt la gloire de mes entrepriſes n’eſt pas icy : Ie ſçay que i’ay failli la traitant mal, & ne ſachant pas fa qualité, qui toutesfois par raiſon telle autre qu’elle euſt peu eſtre, eſtoit aſſez puis qu’elle eſtoit ma Maiſtreſſe. Que voulez vous dauantage de moy ? & ie le feray. Que faut il que ie demonſtre pour faire voir plus de contrition, & quelle Palino ie chanteray-ie ? ie ſuis diſpoſé & appareillé de ſouffrir tout ce qui ſera arreſté contre moy, voila ie ne veux eſtre autre que treſhumble, affin que ie merite par la faueur des belles plus que par ma vertu, & ſi ma belle eſtoit preſente ie luy dirois,

Si vous auez le cœur capable d’amitié,
Iettés ſur mes ſouſpirs quelque trait de pitié.

Gnoriſe ayant recogneu ceſte viue affliction de cœur ſe leua & requit que la feneſtre d’azur fut ouuerte, pour dōner entree à l’iris de cognoiſſance & qu’il pleut au conſeil d’auiſer au bien de l’Empereur. La Souueraine ayant fait ſigne, les conſeillers vindrent à elle ſelon leur rang, & apres que chacun luy eut dit fon opinion, elle prononça,

L’Empereur ayant faict paroiſtre l’integrité de ſon cœur, doit receuoir le guerdon de ſes fidelitez, pource des maintenant il eſt liuré à ſon propre iugement, pour ouyr ce qui le peut conſoler, voir ce qui eſt capable de le contenter, & ſaiſir ſon ſouuerain bien ou il le rēcontrera & luy eſt loiſible de s’ēquerir de ce ſuiet, & ſuyure ce qui l’y attirera. Puis à tem-


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