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Le uoyage des Princes


luy deſire faire voir que c’eſt à elle que i’addreſſe mes vœux, & elle me veut eſloigner, c’eſt vouloir prendre trop de vengeance de moy. Mais dites moy mon pere mon cher amy, eſt-elle en ceſte Court ? i’ay veu la Princeſſe Caliambe, mais elle n’y eſtoit pas. Meliqvaste. Ie vous diray, Sire, vous me ferez tantoſt telle reſponſe qu’il vous plaira, nous verrons ſi c’eſt celle que vous pēſez, car ie ne ſçay ſi elle m’a deceu. Ils cheminoient deuiſans, & l’Empereur par meſgarde marcha ſur la plante du myrthe vif, ce qu’auiſant il ſe retint, le redreſſa contre le mur, puis il entra en la ſale ronde apres ſon conducteur, lequel tira la porte ſur eux, puis tira vne fiſcelle qui fit vne ouuerture à la voute par où vint vne viue lumiere, qui fit voir à l’Empereur l’excellence de l’ouurage, tel qu’il ne voyoit là aucune iointure, ains ſeulemēt vn enduit continuel, & qui plus eſt merueille exquiſe, il parut en la ſale tout ce qui ſe faiſoit pour lors tout à l’entour dehors aux champs & aux Palais. L’Empereur iettant l’œil vif partout, auiſa Caliambe, à la conſideratiō de laquelle il s’arreſta pour eſſayer à voir Etherine, mais ce fut lōgtemps en vain, car il ne iettoit pas ſa veuë où elle eſtoit, apres qu’il eut obſerué les obiets il aduiſa ententiuement la ſale d’Innocence, & y apperçeut vne chaire enuironnee des Dames & des Princes, & en ceſte chaire il vid ſon Etherine tāt deſiree, ce fut à ceſte heure là qu’il n’eut plus de patience, il pria inſtamment le bon Meliquaſte de le retirer de ce labyrinthe, à ce qu’il ayt pouuoir d’approcher de l’excellence de ſon bien.