Page:Le cabinet des fées - ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux - 33 (1786).djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
La Princesse Camion.

prince en fut auſſi étonné que du rire des écreviſſes ; il ne put en ſavoir la raiſon, car la tête du brochet ne parloit point.

Il retourna, fort en peine de ſon aventure, dans ſon joli appartement où il ne trouva plus les écreviſſes, elles étoient retournées au réſervoir. Le lendemain matin, les écreviſſes entrèrent ſans Marmotte ; il chercha ſa princeſſe, & ne la trouvant point encore, il choiſit dix des plus belles : la même aventure arriva, elles rirent, & le brochet pleura quand elles furent diſparues avec les flammes. Trois mois de ſuite il vit toujours le même ſort ; il n’entendit point parler du roi des Merlans, ainſi il ne s’inquiétoit que de ne point voir la belle Baleine.

Un ſoir qu’il retournoit des offices chez lui, il traverſoit les jardins du palais ; en paſſant proche d’une paliſſade qui entouroit un boſquet charmant, au milieu duquel étoit une petite fontaine jailliſſante, il entendit parler ; cela l’étonna : il croyoit tous les habitans de ce royaume auſſi muets que ceux qu’il avoit vus, il marcha plus doucement, & entendit une voix qui diſoit : mais, ma princeſſe, tant que vous ne vous découvrirez point, votre époux ne vous reconnoîtra jamais. Que veux-tu que je faſſe, diſoit