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La Princesse Camion

l’autre voix qu’il reconnut pour celle qu’il avoit tant de fois entendue ? La cruauté de Marmotte m’y oblige, & je ne puis me faire connoitre ſans riſquer ma vie & la ſienne ; la ſage Lumineuſe qui le conduit, lui cache ma figure, afin de nous conſerver l’un à l’autre : il faut abſolument qu’il me pile, c’eſt un arrêt irrévocable. Mais pourquoi vous piler, reprit l’autre ? jamais vous n’avez voulu me conter votre hiſtoire ; Citronette votre confidente me l’auroit confiée, ſi elle n’eût pas été choiſie la ſemaine paſſée pour le bouillon du roi. Hélas ! reprit la princeſſe, cette malheureuſe a déjà ſubi le ſupplice que j’attends : je voudrois pouvoir être à ſa place ; car sûrement elle eſt a l’heure qu’il eſt dans ſa grotte : mais dit l’autre voix, puiſqu’il fait une ſi belle nuit, dites-moi pourquoi vous-êtes ſoumiſe à la vengeance de Marmotte ? Je vous ai déjà dit qui je ſuis, & je brûle d’impatience de vous connoître davantage. Quoique cela renouvelle mes douleurs, reprit la princeſſe, je ne puis refuſer de vous ſatisfaire, auſſi bien c’eſt parler de Zirphil, & je me livre avec joie à tout ce qui peut me le rappeler.

On juge aiſément du plaiſir que ſentit le prince dans cet heureux moment, il ſe gliſſa