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La Princesse Camion

courus enfin à lui, après avoir baiſé la main des belles dames ; mais je fus toute étonnée de voir ſa laine toute de canetille d’argent, & toute couverte de rubans couleur de roſe.

Mon père & ma mère étoient occupés à ſervir les fées, car vous vous doutez bien que c’en étoient deux. Elles relevèrent le roi & la reine qui s’étoient proſternés. Roi & reine, dit celle qui paroiſſoit la plus majeſtueuſe, nous vous connoiſſons depuis long-temps, & votre malheur nous a fait pitié. Ne croyez pas que les grandeurs diſpenſent des maux attachés à la vie humaine, vous devez connoître par expérience que plus le rang eſt élevé, & plus on en éprouve de ſenſibles : votre patience & votre vertu vous ont mis au-deſſus de vos malheurs ; il eſt temps de vous en donner la récompenſe. Je ſuis la fée Lumineuſe, & je viens vous demander ce qui pourroit convenir à vos majeſtés : parlez, & ne craignez point de mettre notre pouvoir à l’épreuve ; conſultez enſemble, vos ſouhaits ſeront accomplis : mais ſurtout, ne parlez point de Camion, ſa deſtinée eſt à part. La fée Marmotte, envieuſe de ce qu’elle lui promet de brillant l’a obſcurcie pour quelque temps ; mais elle ſentira mieux le prix de ſon bonheur, quand