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La Princesse Camion.

rore, la reine s’éveilla, & vint me chercher pour réparer la faute de la veille ; elle me deſcendit dans le puits comme à l’ordinaire, mais, hélas ! jour fatal & trop malheureux ! À ce même inſtant, le ciel quoique ſerein fit entendre un tonnerre effroyable, l’air s’alluma, & d’un nuage embraſé il ſortit une flèche de feu qui tomba dans le puits ; ma mère, par frayeur, lâcha la corde qui me tenoit, & je tombai au fond, ſans autre mal que de ſentir que la moitié de mon corps n’étoit qu’un poiſſon énorme, qu’on nomme baleine ; je nageai pendant un peu de temps, & j’appelai la reine de toutes mes forces. Elle ne répondit point, je m’en affligeois, & pleurois amèrement tant ſa perte que ma métamorphoſe, lorſque je ſentis qu’un pouvoir inconnu me forçoit à deſcendre au fond de l’eau ; & que l’ayant touché, j’entrai dans une grotte de criſtal, où je trouvai une eſpèce de nymphe aſſez vilaine, tant elle avoit de l’air d’une grenouille d’une groſſeur exceſſive. Cependant, elle ſourit à mon approche, & me dit : Camion, je fuis la nymphe du puits ſans fond, j’ai ordre de te recevoir & de te faire accomplir la pénitence qui t’eſt deſtinée pour avoir manqué de te baigner ; ſuis